Le slogan "Y'a bon Banania" définitivement banni
PARIS - Nonante ans après son lancement, le slogan publicitaire "Y'a bon Banania" a été définitvement banni par le fabricant de la célèbre poudre chocolatée française. Cette décision faite suite à une plainte dénonçant son "caractère raciste".Le Collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais, qui revendique 40'000 membres, a déposé en mai une plainte devant le tribunal de Nanterre contre la société Nutrimaine pour obtenir l'annulation de ce slogan et de la marque Banania. A ses yeux, ces deux éléments "jouent de l'image des noirs sans le moindre respect".En plein débat sur la colonisation, cette affaire est devenue symbolique et des associations communautaires réclament jusqu'à la disparition du personnage emblématique sur l'emballage du produit chocolaté.Le président de Nutrimaine Thierry Henault a déclaré avoir décidé de bannir le slogan controversé "pour tenir compte de certaines émotions". Il s'est défendu de toute implication dans le débat qui divise la France sur la colonisation.Un protocole d'accord a été conclu avec le collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais, qui devrait annoncer vendredi dans les locaux de l'Assemblée nationale le détail de cet accord, lors d'une conférence de presse.Inventé en 1915, durant la Première Guerre mondiale, le slogan "Y'a bon Banania" n'a plus été utilisé depuis vingt ans. La PME de 70 salariés, qui a racheté en 2003 la marque au géant de l'agroalimentaire Unilever, a assuré qu'elle n'avait jamais eu l'intention de relancer ce slogan jugé "démodé"."La cible de Banania, ce sont les enfants. C'est le référent du petit-déjeuner français. C'est tout un symbole", fait valoir son patron.Le slogan de la célèbre boîte jaune fait référence aux bataillons de tirailleurs sénégalais venus se battre en France pendant le premier conflit mondial. L'îcône de la marque, le soldat de la "coloniale" arborant une chéchia rouge ornée d'un pompom bleu, avait lui aussi disparu.Le soldat a été remplacé par son "petit-fils", symbolisant la nouvelle génération. Vêtu à peu près à l'identique, le personnage a été stylisé mais a conservé les yeux écarquillés et un large sourire, ce que dénoncent les associations qui déplorent le côté "passéiste" de la représentation des noirs: "joyeux et niais". /ATS